Pour sa retraite annuelle de 2025, le Global Cities Hub a réuni des villes, des régions et des OI pour réfléchir à un sujet de plus en plus pertinent : le rôle des villes et des régions en tant que nouveaux donateurs des organisations internationales (OI).
Alors que la littérature, les données et le débat politique sur les dons des États sont abondants, les dons infranationaux restent un sujet largement sous-étudié et sous-discuté. Seul un nombre limité de gouvernements locaux et régionaux (GLR) fournissent actuellement des fonds aux OI pour la coopération au développement ou l'action humanitaire. Les gouvernements locaux et régionaux ont souvent préféré soutenir les ONG locales qui sont étroitement liées à leurs communautés et aux écosystèmes économiques locaux.
Pourtant, tous les représentants des GRL participant à la retraite sont déjà engagés en tant que donateurs multilatéraux. Par conséquent, la retraite a permis de mieux comprendre le don multilatéral infranational : ses incitations et ses défis, si et comment il devrait se développer, et comment les GRL pourraient s'engager plus stratégiquement avec les OI.
Les GRL ont été invités à réfléchir aux objectifs ou aux stratégies qui guident leur collaboration et leurs contributions aux OI dans ces domaines. Les participants ont mentionné le plus souvent l'UNICEF, le PNUD, UN Habitat, l'OMS, le HCR, le HCDH, sporadiquement l'OCHA, l'OIT, l'UIT, l'OIM, le CICR, la FAO, le PNUE, ainsi que, dans un contexte spécifique, l'OIF, l'UNESCO, l'UNRWA, le PAM, l'OCDE, le Conseil de l'Europe. Dans de nombreux cas, les décisions de financement sont principalement motivées par la demande plutôt que guidées par une vision stratégique définie. Plusieurs fModalités de financement ont été identifiés :
- Financement par projet
- Financement de base (rare, surtout dans les situations d'urgence)
- Financement des OI en tant que partenaires de mise en œuvre d'un projet bilatéral conçu par les GRL
- Contributions à des fonds fiduciaires ou à des fonds communs gérés par des OI.
- Fourniture d'expertise en nature
Mesures incitatives et narratives: Les motivations de l'engagement des GRL dans la coopération au développement et la réponse humanitaire varient considérablement en fonction du contexte local. Certains participants ont évoqué le désir de "rendre la pareille", reflétant le soutien qu'ils ont reçu par le passé, tandis que d'autres ont mis en avant le pouvoir de persuasion, la réputation ou le leadership politique. Dans le même temps, plusieurs GRL ont souligné la difficulté de convaincre les circonscriptions locales des avantages du financement des OI. Dans certains contextes, l'opinion publique ou les politiciens remettent en question la légitimité de l'engagement des GRL dans le développement international et l'action humanitaire.
Contraintes liées à l'engagement auprès des Nations unies: De nombreux GRL ont souligné les difficultés liées aux exigences administratives de l'ONU, en particulier les frais généraux élevés et les procédures complexes. La concurrence entre les OI a également été citée comme un facteur compliquant les décisions de financement. En outre, les GRL ont noté le manque de clarté quant à la manière dont ils peuvent s'engager formellement avec le système des Nations Unies, étant donné leur absence de statut officiel.
Cadres législatifs: Plusieurs GRL opèrent dans des cadres législatifs formels qui fixent des objectifs spécifiques pour la coopération au développement.
Relations avec les autorités nationales: Certains participants ont décrit les difficultés liées à l'absence de mécanismes d'échange formalisés avec les administrations nationales. Certains GRL ont souligné leur valeur ajoutée distincte en tant que donateurs infranationaux, en particulier leur agilité et leur capacité à prendre des décisions rapides. Ils ont exprimé leur réticence à "combler les lacunes" et à compenser les coupes budgétaires nationales, mais ont plutôt recherché l'impact et l'innovation.
Les OI participant à la retraite pourraient se présenter et souligner les activités et programmes pertinents pour les GRL.
OCDE a présenté des données statistiques précieuses sur la coopération décentralisée au développement (DDC) (c'est-à-dire la coopération internationale au développement menée par les gouvernements locaux). Au cours de la dernière décennie, la coopération décentralisée au développement a augmenté de manière significative. La liste des principaux bénéficiaires des OI fait écho aux délibérations des GRL : L'OIF, l'UNICEF et l'UNRWA sont les trois principaux bénéficiaires. D'un point de vue thématique, la résilience climatique et la réduction de la pauvreté sont les plus attrayantes pour les GRL.
PNUE a présenté l'état actuel de la réflexion sur le "dépassement" (il s'agit du dépassement du réchauffement climatique, lorsque les températures dépassent l'objectif de 1,5 °C fixé par l'accord de Paris, en raison de la poursuite des émissions) et la stratégie consistant à passer à une approche de l'ensemble de la société, fondée sur le succès de la nature multipartite du protocole de Montréal visant à protéger la couche d'ozone. Le PNUE vise à coopérer avec les villes dans des domaines à fort impact, tels que l'environnement bâti, la transition énergétique, le refroidissement urbain, la réduction des déchets alimentaires et la gestion de l'eau douce.
PNUD a expliqué les spécificités d'un programme d'aide à la coopération ville à ville initié et financé par les Etats. Ce programme vise à promouvoir la collaboration au niveau local pour compléter les relations au niveau national. En ce qui concerne les incitations pour les villes participant au programme, le PNUD a fait référence à la visibilité internationale et à la fierté locale de collaborer avec l'ONU.
ONU-Habitat travaille avec les villes sous différentes formes. L'une des modalités les plus prometteuses semble être la coopération trilatérale lorsqu'un GRL finance un programme dans un autre GRL, impliquant ONU-Habitat en tant que partenaire de mise en œuvre. ONU-Habitat peut offrir d'une part l'expertise technique et d'autre part la "validation internationale" du projet.
OCHA rappelle que l'appel humanitaire mondial n'est financé qu'à hauteur de 23% à ce jour. Les nouveaux donateurs sont encouragés à se joindre aux efforts mondiaux visant à apporter un soutien immédiat aux personnes dans le besoin à la suite de catastrophes ou de conflits. À cette fin, les fonds communs gérés par OCHA allouent des ressources communes de manière rapide, efficace et financièrement efficiente. OCHA est capable de mobiliser et de déployer une aide financière dans les heures qui suivent une crise et ses frais généraux administratifs ne s'élèvent qu'à 3%. OCHA a également souligné que ses partenaires sur le terrain sont soigneusement sélectionnés et régulièrement contrôlés. Cela offre une garantie aux donateurs.
L'appel suivant les propositions de valeur des OI ont été identifiées au cours de la discussion :
- Légitimité et reconnaissance internationale des contributions financières du GRL aux OI ;
- Appartenant à un groupe exclusif d'acteurs, aux côtés des États ;
- Bénéficier de l'approche globale des OI, tant sur le plan thématique que géographique ;
- Les mécanismes de responsabilité de l'OI sont solides ; ils peuvent donc garantir la bonne utilisation de l'argent des contribuables ;
- Grâce au pouvoir de rassemblement des OI, les donateurs peuvent obtenir des connaissances et des informations scientifiques ;
- Les OI offrent une solide expertise technique et une "paire de mains de confiance" sur le terrain.
La retraite a révélé que les GRL sont confrontés à des attentes croissantes de la part du système international sur trois fronts. On attend désormais d'eux : a) qu'ils soutiennent les États dans la réalisation des ODD d'ici 2030 ; b) qu'ils fournissent des connaissances locales et des bonnes pratiques sur un vaste éventail de sujets abordés au niveau international, et ; c) qu'ils contribuent financièrement aux OI dans un contexte de baisse du budget multilatéral des États. Le rapport souligne que certains GRL financent les OI en cherchant ou non à jouer un rôle plus important dans l'élaboration des politiques multilatérales. Ils soutiennent par principe la coopération multilatérale et l'action humanitaire, tout en finançant des projets concrets de type développement qui offrent la possibilité de maximiser l'impact local. Le Global Cities Hub s'engage à offrir un espace pour discuter plus avant de la dynamique globale des donateurs infranationaux.
