Le 16 mars 2022, le Geneva Cities Hub a organisé, en partenariat avec ONU-Habitat, un débat urbain à Genève pour mettre en avant les expériences municipales (Kigali-Rwanda, Madrid-Espagne, Niterói-Brésil et Cali-Colombie) pertinentes pour la prochaine pandémie en termes de prévention, de préparation et de réponse.
Pendant l'événement, nous avons entendu recommandations d'élaborer ou de réviser les politiques afin d'assurer une meilleure préparation aux futures urgences sanitaires :
- Préparer une stratégie de communication de crise plus efficace et plus crédible afin d'éviter la diffusion d'informations fausses et potentiellement dangereuses.
- Impliquer dès le début toutes les parties prenantes responsables de la protection de la santé, de l'assistance sociale et de la relance économique.
- Mieux harmoniser les politiques locales pour éviter la confusion de la population locale par les différentes mesures en place.
- Renforcer la coordination entre les acteurs internationaux, nationaux et locaux.
- Mettre en place un mécanisme permanent de suivi et de réaction afin de réagir plus rapidement et de manière plus structurée.
L'urbanisation massive récente a conduit les villes à deviennent des épicentres de la transmission des maladies. Les maladies infectieuses telles que le COVID-19, la tuberculose, la dengue et la diarrhée se développent dans des environnements pauvres et surpeuplés et sont étroitement liées à l'insalubrité des logements et à une mauvaise gestion de l'assainissement et des déchets. Étant donné que les villes sont concernées par de nombreuses dimensions de la santé, elles doivent être impliquées non seulement dans la réponse aux pandémies mais aussi dans le débat international sur le renforcement de la préparation. En raison de la proximité de leur population, de leur connaissance et de leur compréhension des acteurs locaux et du contexte, les villes sont essentielles pour prévenir les urgences sanitaires, s'y préparer et s'en remettre.
Les maires et vice-maires de Kigali, Niterói et Madrid ont expliqué la complexité de la réponse à une pandémie, en soulignant ses aspects de protection de la santé, d'assistance sociale et de relance économique. Dr. Mpabwanamaguru Merard, vice-maire de Kigali, a parlé de l'importance pour les gouvernements locaux de devenir la principale source d'information pour les citoyens, car personne n'est en sécurité tant que tout le monde ne l'est pas. Mme Begoña Villacís Sanchez, maire adjoint de Madrid, a déclaré que les municipalités étaient les pierres angulaires de la réponse aux crises en raison de leur proximité avec les citoyens. L'adjoint au maire nous a parlé de 105 investissements transformateurs dans le cadre d'un plan visant à rendre la ville de Madrid plus résiliente à l'avenir. M. Axel Grael, maire de Niterói, a plaidé pour une meilleure communication entre les villes afin que les gens ne soient pas déroutés par des informations et des réglementations locales différentes. Les participants ont convenu que Covid-19 avait changé tous les aspects de notre vie, en particulier la vie urbaine.

L'OMS et ONU-Habitat ont expliqué les efforts en cours au niveau mondial. M. Graham Alabaster, chef du bureau d'ONU-Habitat à Genève, a déclaré que pour que les efforts de préparation et de réponse à une pandémie soient couronnés de succès, nous devons harmoniser les règles de base de la gestion des urgences. Mme Nathalie Roebbel, chef d'unité à l'OMS, a expliqué les nombreuses composantes de la santé urbaine et la nécessité de relier les différents points d'entrée des politiques sociales, environnementales et économiques aux niveaux international, national et local. M. Ludy Prapancha Suryantoro, chef d'unité à l'OMS, a souligné que la préparation aux situations d'urgence nécessite une approche gouvernementale et sociale globale. A ce titre, il a rappelé que l'OMS, dans sa résolution WHA73/8 de 2020 sur le renforcement de la préparation aux urgences sanitaires incluent déjà les villes. Les villes sont au cœur de la préparation et de la réponse aux pandémies, et les villes internationales deviennent de plus en plus importantes de ce point de vue.
M. José Alvarez de CGLU a décrit le travail important réalisé par son organisation en coopération avec les villes sur les questions de santé, en particulier pour maintenir la conversation à plusieurs niveaux. Récemment, CGLU a mis l'accent sur le partage d'expériences locales concernant les défis de l'accès aux vaccins. Le point de vue académique a été présenté par Mme Lyda Osorio de l'Universidad del Valle Cali, en Colombie, qui s'est concentrée sur les déterminants sociaux de la santé et la complexité de la réponse à la pandémie. Elle a souligné avec éloquence que les autorités locales devaient ajuster en permanence l'objectif premier de l'intervention - qu'il s'agisse de la protection de la santé, de l'aide sociale ou de la relance économique. M. Nicolas Gharbi, conseiller principal à la ville de Madrid, a conclu en invitant toutes les parties prenantes à faire progresser la coopération entre villes, qui s'est avérée cruciale lors de la dernière pandémie, et à renforcer la coordination entre les acteurs internationaux, nationaux et locaux.
Ce débat urbain de Genève a prouvé l'importance du travail municipal pour faire face à la pandémie de Covid-19 et le rôle des autorités locales dans la prévention et la réponse à d'éventuelles pandémies futures. La participation de plusieurs parties prenantes a mis en lumière des aspects importants de la santé urbaine, notamment la préparation et la réponse aux pandémies. Comme l'a dit M. Alabaster : "lorsque la prochaine pandémie frappera une ville, la gravité de ses effets dépendra également des conditions sanitaires générales de la ville.". Il est donc de la plus haute importance de renforcer l'inclusion des villes et des gouvernements locaux dans les débats intergouvernementaux tenus à l'OMS sur la préparation et la réponse aux pandémies.
Vidéo
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