Le mois dernier, le Conseil consultatif de haut niveau sur le multilatéralisme efficace (HLAB)[1] a publié son rapport "Une avancée pour les peuples et la planète : Une gouvernance mondiale efficace et inclusive pour aujourd'hui et pour demain". Le rapport aborde une question qui est au cœur de la mission du Geneva Cities Hub : fournir un statut officiel aux villes et autres gouvernements locaux et régionaux, afin qu'ils puissent être accrédités et participer aux processus et réunions de l'ONU en leur qualité propre.
Confronté à de multiples crises (changement climatique, pandémies, augmentation de la pauvreté et des inégalités, conflits, migrations de masse, etc.), le système multilatéral est aujourd'hui incapable de les traiter toutes de manière efficace. Le Conseil consultatif de haut niveau sur le multilatéralisme efficace (HLAB) a donc été chargé par le Secrétaire général des Nations unies (SG) d'identifier des recommandations concrètes et réalisables pouvant conduire à un changement radical de l'approche de la communauté internationale en matière de gouvernance mondiale.
L'idée maîtresse du rapport du HLAB est de "rétablir la confiance dans le système multilatéral en plaçant les Nations unies au cœur de celui-ci" [2]. En particulier, le HLAB affirme que pour être efficace, le multilatéralisme doit être plus inclusif, notamment en ce qui concerne la manière dont les décisions sont prises et les solutions collectives élaborées. Aujourd'hui, le multilatéralisme des Nations unies est presque exclusivement dirigé par ses États membres. Cependant, il devrait s'étendre au-delà des États et inclure un plus large éventail d'acteurs, tels que les gouvernements locaux et régionaux (LRG), qui peuvent aider à revitaliser un multilatéralisme qui fonctionne mieux et plus rapidement pour tout le monde.
À cette fin, le HLAB formule un certain nombre de propositions pour un avenir plus sûr et plus durable. Il souligne notamment que "Un multilatéralisme efficace ne consiste pas simplement à ajouter des sièges autour d'une table. Il nécessite une transformation fondamentale vers une prise de décision plus distribuée, en réseau, pour notre bien-être collectif. Il reconnaît que dans de nombreux domaines, l'avenir de la gouvernance mondiale ne sera pas fondé sur l'unité mondiale ou le contrôle du haut vers le bas, mais plutôt sur la connectivité entre des domaines, des communautés et des sphères d'influence distincts.".[3]
La recommandation relative au rôle des villes et des régions subnationales dans le multilatéralisme présente un intérêt particulier pour le GCH.. Reconnaissant que les villes et les autres GRL sont souvent responsables des impacts du changement climatique, des inégalités socio-économiques, des risques sanitaires, de la violence, des flux migratoires et des changements démographiques, le HLAB note cependant qu'ils restent largement en marge des mécanismes formels de la gouvernance mondiale. En conséquence, le HLAB suggère que "Les GRL se voient offrir un statut officiel et permanent, indépendant de la société civile et des ONG, notamment dans les domaines de l'environnement, de la santé mondiale, des migrations, de la réponse aux réfugiés, de la lutte contre la criminalité transnationale organisée et du développement durable [...] il conviendrait d'envisager d'impliquer directement les GRL dans les processus des traités multilatéraux pertinents, en leur permettant de devenir des signataires dotés de responsabilités, de la même manière que le traité actuel sur les matières plastiques cherche à impliquer et à obliger le secteur privé.".[4]
Depuis sa création, le GCH s'efforce de créer plus d'espace pour les GRL dans certains processus multilatéraux. La priorité a été donnée à : le Forum des maires de la CEE-ONU ; les négociations de l'OMS sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies ; le Conseil des droits de l'homme et son examen périodique universel (EPU) ; l'UIT et son forum SMSI ; et plus récemment le nouveau traité sur la pollution plastique, ainsi que le Forum mondial sur les réfugiés qui sera organisé à Genève en décembre. Dans tous ces processus, le GCH renforce lentement la présence des GRL, principalement en fournissant des éléments linguistiques liés aux GRL dans les négociations intergouvernementales et en soutenant la participation/contribution des maires à certaines réunions. Le GCH a également encouragé les États à inclure des GRL dans leurs délégations, par exemple pour l'EPU ou le Forum mondial sur les réfugiés. Toutefois, cela n'est pas suffisant pour les GLR qui souhaiteraient participer et s'exprimer en leur nom propre lors des réunions des Nations unies.
L'octroi d'un statut officiel aux GRL, qui leur permettrait d'être accrédités et de participer à des réunions spécifiques des Nations unies, changerait la donne. Le GCH appelle donc tous les États à faire avancer la recommandation du HLAB sur la création d'un statut spécial pour les villes et les régions dans le multilatéralisme et à commencer à identifier les processus pertinents (tels que ceux mentionnés ci-dessus) où cette approche pourrait être testée. Le GCH est tout à fait prêt à travailler avec les États désireux de favoriser un multilatéralisme plus inclusif et plus efficace pour relever les défis mondiaux de notre époque.
[1] Créé par le Secrétaire général des Nations unies (SG), le Conseil consultatif de haut niveau sur le multilatéralisme efficace s'appuie sur "Notre programme commun"le rapport du SG 2021 qui appelle à une gouvernance plus forte sur les grandes questions d'intérêt mondial. Le HLAB est dirigé par un ancien chef d'État (Ellen Johnson Sirleaf) et un ancien chef de gouvernement (Stefan Löfven) et se compose de 10 autres personnalités éminentes représentant différents groupes d'intérêt et parties prenantes dans la prise de décision au niveau mondial. En savoir plus ici.
[2] Conseil consultatif de haut niveau sur le multilatéralisme efficace, ".Une percée pour les peuples et la planète : Une gouvernance mondiale efficace et inclusive pour aujourd'hui et pour demaine", p.4.
[3] Ibid, p. 13.
[4] Idem.